Photoreporter : des royalties pour sauver le photojournalisme ?
La crise de la presse est aussi la crise du photoreporter, ces journalistes qui partent à l’autre bout du monde (ou pas loin de chez nous), s’immergent dans un sujet et s’imprègnent d’une réalité, qu’ils nous font ensuite découvrir à travers leurs photos.
Et même si une image vaut plus que mille mots, les photoreporters ont de plus en plus de difficulté à trouver des médias pour financer et publier leur travail. C’est ce constat qui est à l’origine du festival Photoreporter en baie de Saint-Brieuc, auquel WE DO GOOD s’associe aujourd’hui.
Plus qu’un festival, Photoreporter est un véritable laboratoire d’expérimentation de modèles de financement de contenus journalistiques de qualité. Son directeur, Alexandre Solacolu, s’inspire en 2011 de son expérience de sponsoring dans le monde de la voile pour aider un ami reporter à financer son projet. Si les skippers n’ont pas d’obligation de résultat, juste de moyens, pourquoi pas les photographes ? Ainsi se crée le fonds de dotation Photoreporter en Baie de Saint-Brieuc, qui agrège petit à petit une quarantaine de mécènes privés et qui a permis, en 4 ans, à près de 50 photographes de partager leur regard libre sur ce qui se passe sur notre planète.
Un exemple concret de réussite ?
« Le photoreportage de Gaël Turine sur le plus long mur du monde, qui coupe les familles en deux entre l’Inde et le Bengladesh et a causé des centaines de morts, avait été refusé par de grands médias français« , précise le directeur du festival. Mis en valeur dans le cadre de Photoreporter, le reportage a ensuite été repris dans Le Times, Courrier International, Géo, Télérama, Le Figaro… et reçu le prix AFD en 2013. Rien que ça.
Aujourd’hui, la direction du festival souhaite aller au-delà du mécénat et continuer à innover sur la problématique du financement de photoreportages, tout en impliquant les citoyens dans leur production. C’est ainsi que WE DO GOOD s’est associé au projet avec son mode de financement innovant : les royalties. Chaque citoyen peut investir dès 10€ et, si le photoreporter vend son sujet, peut récupérer jusqu’au double de son investissement initial. Chaque citoyen devient ainsi un co-producteur de photoreportages et un véritable ambassadeur du projet soutenu !
N’hésitez pas à découvrir le projet de photoreportage d’Olivier Jobard en phase de vote sur la plateforme MY PHOTOREPORTER. Un photographe français reconnu qui, dans sa série “Migration : Paris-Manille, nounous à tout prix”, suit le destin de travailleuses domestiques en France.
“La question n’est pas tant de défendre une profession que de reprendre conscience de l’indispensable utilité, pour nos sociétés, du travail des photoreporters. C’est la seule manière de pouvoir remobiliser des moyens afin que les photographes exercent leur métier et remplissent leur mission : celle de nous éclairer en tant que citoyen sur le monde dans ce qu’il a de beau, de subtil, d’effrayant et de complexe.” Alexandre Solacolu, directeur du Festival Photoreporter |