Lever des fonds pour rendre le numérique plus responsable : témoignage d’Improved Impact
Aujourd’hui, le numérique représente 10% de la consommation mondiale d’électricité et 4% des gaz à effet de serre mondiaux. De plus, 97,4% des pages d’accueil des plateformes/sites rencontrent des problèmes majeurs d’accessibilité. C’est-à-dire qu’elles sont difficilement lisibles par 24% de la population.
Margo, Co-fondatrice & CEO d’Improved Impact nous parle aujourd’hui des enjeux liés au numérique mais aussi et surtout du financement d’une telle démarche après avoir lever des fonds en royalties sur WE DO GOOD.
Quelle était l’idée de départ derrière Improved Impact ?
Depuis la création, le projet a évolué afin de s’adapter au marché, le secteur du numérique étant en constante croissance et offrant de nombreuses opportunités. Nous avons cependant toujours la même raison d’être et la même volonté : celle de rendre le numérique 100% accessible et éco-responsable.
Nous développons en ce sens des outils d’audits et de recommandations pour améliorer l’impact social (accessibilité numérique) et environnemental (empreinte du web) du numérique.
On accompagne les entreprises vers un numérique plus responsable vis-à-vis de ces deux problématiques qui sont trop souvent négligées par les plateformes. Grâce à cela, nous visons la réduction de 33% de l’empreinte environnementale et l’accessibilité nouvelle de plus de 15 600 sites en .fr à l’horizon 2025.
Cela passe par différentes actions :
- Des prix qui sont bas pour ne pas être un frein au changement. On veut toucher un large public, cela doit faire effet boule de neige et que derrière des actions concrètes soient mises en place pour que les gens se mettent en mouvement et que l’impact existe.
- Des recommandations formulées de façon simple et compréhensibles par tout le monde pour faciliter la mise en place !
L’entreprise a été créée en septembre 2020 mais nous travaillons sur le projet depuis l’été 2019.
Comment est structurée votre équipe?
Improved Impact compte 5 associés : 4 personnes physiques et une personne morale (1Kubator, notre première structure d’accompagnement). A mes côtés, il y a un directeur technique, un lead développeur, un architecte réseau.
L’équipe est également composée de deux salariés en développement commercial et marketing et nous recrutons actuellement un poste de community manager ainsi qu’un business developer pour venir renforcer l’équipe commerciale.
Gérer une équipe de 5 associés au démarrage, est-ce un challenge ?
Effectivement cela aurait pû être une inquiétude, mais finalement, ça n’a pas été si compliqué. Tout d’abord, le rôle de 1Kubator a été essentiel au démarrage du projet. Nous avons été incubés un an, ce qui nous a permis de créer l’entreprise et de démarrer sur de bons rails.
Aujourd’hui, le rôle de 1Kubator consiste principalement en du support lorsque nous les sollicitons. Nous bénéficions également de leur réseau.
S’agissant des autres associés, nous avons chacun notre rôle et nos domaines de compétences bien définis. Nous n’empietons pas sur les domaines d’activité des autres. Tout est clair et délimité. Sylvain est CTO et fait le lien et la traduction technique des tests et les critères à automatiser, Stéphane est Lead Developer et à développer le moteur d’audit, je suis CEO et établie notre stratégie ainsi que l’algorithme de calcul de l’impact des sites.
Cela ne nous empêche pas par ailleurs de faire des ateliers collaboratifs tous ensemble, avec les salariés, pour des prises de décisions communes.
Avec la répartition de nos parts, il ne peut y avoir de blocages entraînés par cette configuration. Je garde la main sur la stratégie, et chacun a la main sur son domaine de compétence !
Quelle est votre plus grande fierté depuis le lancement d’Improved Impact ?
Notre plus grande fierté est collective et concerne notre levée de fonds sur WE DO GOOD ! Nous sommes très fiers d’avoir eu de nombreux retours positifs. Surtout de personnes qui ne nous connaissaient pas et ne connaissaient pas plus le domaine du numérique responsable.
Nous avons eu par ailleurs eu de très bons retours sur notre présentation. Grâce à cela, nous avons pu sensibiliser et faire connaître l’enjeu derrière ces problématiques. On nous a également proposé un certain nombre d’aides, pas seulement financières, par exemple des mises en relation avec des prospects, tout ça de façon très spontanée.
Arriver à sensibiliser par des canaux comme celui de notre levée de fonds est donc notre plus grande fierté. La prise de conscience sur les impacts du web est certainement l’une des clés du changement.
Quel retour d’expérience de votre campagne de financement en partage de revenu (ou royalties) ?
Le retour d’expérience est positif ! Nous étions bien préparés au marathon qu’est la campagne, très exigeant en termes d’énergie. Nous sommes du coup assez contents que cela se termine, afin de pouvoir nous concentrer sur d’autres enjeux.
Le premier objectif de la campagne était de gagner en visibilité et de sensibiliser un grand nombre de personnes, ce qui a été fait et nous en sommes très contents. Nous avons rassemblé plus de 180 évaluateurs !
Le second objectif portait sur le financement. Nous nous étions fixé un minimum de 25 000 €. Cet objectif est atteint puisque nous devrions finir aux alentours des 40 000 €. Néanmoins, peut-être aurions nous pu calibrer ces objectifs autrement, et essayer d’aller encore plus loin…
Un conseil pour ceux qui veulent lever des fonds en royalties ?
Pour rebondir, je dirais donc de bien déterminer ses objectifs de financement minimum et maximum. Ne pas hésiter à se challenger et être ambitieux, même s’il est finalement difficile de réussir à se positionner entre ambition et sécurité.
Par ailleurs, je recommanderais de bien prendre le temps de bien préparer la campagne. Il faut véritablement se rendre disponible et être concentré sur cet objectif. De notre côté, nous avons pris le temps de travailler notre présentation en équipe, d’où la fierté d’avoir de bons retours ! Il nous semblait aussi important de rendre cette présentation accessible à tous, via la création d’un pdf téléchargeable. Nous avions par ailleurs réalisé un petit kit de communication avec des textes et visuels sur notre levée de fonds qui peuvent être partagés par les personnes qui souhaitent nous relayer. C’est un autre bon moyen d’embarquer notre communauté dans l’aventure et d’élargir notre communication.
Une campagne nécessite de prendre le temps de communiquer, et de faire un suivi ! Il faut s’y mettre à fond.
Comment abordez-vous le sujet du financement ?
Au démarrage de l’entreprise, l’avantage d’avoir 1Kubator au capital a été de disposer des premiers fonds afin de tourner la première année et de recruter. Derrière, nous avons obtenu la bourse FrenchTech via la BPI. Sur nos 18 premiers mois d’activité, nous nous sommes donc reposés sur nos fonds propres.
Désormais, notre stratégie de financement est de renforcer ces fonds propres, puisque comme toute start-up innovante et à impact, nous avons un premier bilan négatif. Cela passe notamment par le fait de lever des fonds via WE DO GOOD, qui va nous permettre de faire effet de levier. Ces fonds sont comptabilisés comme des quasi fonds propres et permettent d’aller plus facilement voir les banques pour des crédits.
Nous allons ensuite nous tourner du côté des prêts d’honneur et des subventions innovation de la BPI pour pouvoir boucler une enveloppe plus importante.
S’agissant du Réseau Entreprendre, nous n’avons pas encore assez de chiffre d’affaires pour entrer dans le réseau. Nous regardons les possibilités avec France Active qui nous a contactés suite à la levée de fonds. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de ces réseaux, notre difficulté est de savoir dans quelle case nous placer : projet d’innovation ? d’impact ? Ce n’est pas toujours évident.
Nous actualisons également le plan de financement au fur et à mesure. Les choses évoluent en fonction des fonds levés, comment aller chercher des fonds supplémentaires… Il nous manque 20 000 euros en fonds propres pour le moment pour pouvoir lancer un projet pilote en marque blanche de notre outil, puis ouvrir la plateforme à l’international. Il faut rester adaptable en tant que cheffe d’entreprise, déplacer les curseurs arrive tout le temps, les prévisionnels restent des projections.
Et la banque?
Nous avons déjà obtenu un prêt bancaire avec la BNP Paribas pour l’intégration d’un salarié et amorcer en trésorerie. En allant vers un prêt d’honneur, il nous faudra aussi une contre-garantie bancaire.
En septembre, nous retournerons peut-être de nouveau vers une banque pour profiter de l’effet de levier après avoir lever des fonds en royalties !
Avoir de l’impact : est-ce un atout selon vous pour lever des fonds?
Je ne suis pas certaine que l’impact soit toujours un atout. L’impact compte certainement sur des petits montants, pouvant être considérés plus comme un soutien qu’un investissement. Sur des montants plus importants, on constate que l’on est sur un secteur d’activité émergent où le côté impact semble moins pris en compte, ou ce n’est pas ce que les investisseurs regardent en premier.
Vous avez durant votre levée de fonds sur WE DO GOOD, obtenu le label Financement Participatif pour la Croissance Verte : qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Le processus d’obtention du label est assez simple, c’est un dossier à remplir assez intuitif, nous n’avons pas eu de difficulté. Néanmoins, en termes de visibilité, nous ne sommes pas certains des retombées. Cela permet tout de même de garantir la transparence de notre projet et met en évidence nos impacts positifs.
Peut-être n’avons-nous pas assez joué cette carte dans le cadre de notre communication?
Plus généralement, quel serait votre conseil pour une start-up qui se lance ?
Ne pas compter ses heures !
Pour les boîtes d’innovation, notamment dans la partie Tech For Good, je dirais d’anticiper le financement et ne pas attendre. Même s’il y a des fonds dans l’entreprise, afin de toujours avoir un ou deux coups d’avances et ne pas se trouver en difficulté.
Au départ, on nous avait déconseillé de lever des fonds par manque de chiffre d’affaires, mais pour les start-ups à impact c’est différent. Il faut se rapprocher des professionnels du financement de projets à impact afin d’éviter le stress.
Je conseillerais également de bien s’accompagner. Nous avons eu l’aide d’1Kubator et nous sommes désormais sélectionnés par La Ruche dans le cadre du programme les Ambitieuses à Paris. C’est un programme avec d’autres femmes, c’est très positif !
En tant que cheffe d’entreprise, on apprend tous les jours et on a besoin d’appui, d’experts, de personnes pour nous aiguiller, nous challenger et nous sortir la tête du guidon. Parfois, de simples conversations permettent de remettre au clair des évidences. Il ne faut pas avoir peur de s’adapter et déplacer les curseurs afin de faire évoluer les projections. Cette position nécessite de savoir s’adapter au quotidien, tout en sachant où on va.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Un business angel qui viendrait investir 20 000 € !
Notre levée de fonds WE DO GOOD n’est pas tout à fait terminée, nous aimerions pouvoir continuer à lever des fonds et la boucler avec des investisseurs supplémentaires.
Y-a-t-il une question qu’on ne vous a pas posée mais que vous aimeriez qu’on vous pose?
Ce serait : qu’est-ce qui fait qu’on se lève tous les matins, quelles sont nos motivations?
En l’occurrence, moi je suis UX designer, je travaille dans le numérique comme mes associés. Il s’avère qu’on est tous touchés de près ou de loin par le handicap. On est donc tous sensibilisés de prime abord par les questions d’accessibilité. Il n’existait rien de concret sur le sujet de l’impact du numérique en dehors de quelques indicateurs, ne donnant pas de solutions…
Sensibiliser à ces enjeux est notre motivation du quotidien. Notre ambition est par ailleurs d’arrêter de séparer le sujet de l’accessibilité du numérique et de son impact environnemental. Les deux enjeux doivent être liés afin de comprendre enfin l’impact global du numérique.
Nous remercions chaleureusement Margo, CEO d’Improved Impact pour le temps qu’elle nous a accordé et pour son précieux témoignage.
Il est encore possible et ce jusqu’au 16 septembre d’investir pour un numérique accessible et écoresponsable !
Et si vous souhaitez découvrir un autre témoignage, rencontrez Nurra fondatrice de Carbon Saver qui a également levé des fonds en échange de royalties.