Yakman et les enjeux de financement de l’économie collaborative
Quels sont les enjeux de financement de l’économie collaborative ? Retour d’expérience de Bertrand Favre, co-fondateur de Yakman, une entreprise qui innove dans ce domaine.
Entre “Auto-assurance » et protection financière collaborative, Yakman permet à des groupes de construire leur solution de protection en autogestion. Pour cette nouvelle interview de start-up, Bertrand nous explique l’origine du projet, ainsi que les enjeux de financement auxquels une entreprise qui innove dans le monde de l’assurance fait face.
Comment est né Yakman ?
On a créé la société en septembre 2016. C’est une idée qu’on a eue à deux avec mon associé Christophe Neves : on voulait imaginer un nouveau modèle de gestion des risques pour faire de la couverture comme l’assurance et apporter une nouvelle expérience assurantielle pour les clients, plus transparente et plus efficace que les solutions actuellement sur le marché.
Qu’est ce qui t’a donné envie de fonder une entreprise ?
J’ai toujours eu envie d’entreprendre car j’ai fondé une entreprise dès la sortie de mes études. Ensuite j’ai travaillé en tant que salarié dans un grand groupe. Ma motivation avec Yakman c’était l’envie de construire quelque chose d’utile. Nous voulons redonner du sens et de la valeur au client final dans le monde de l’assurance et de la finance.
Concrètement, quelles sont vos ambitions ?
Nous avons créé une alternative à l’assurance avec un modèle en B2B pour le compte de tiers, des partenaires. On veut proposer cette alternative à la fois des institutions financières (des assureurs, des banques, des courtiers…) et puis à terme à d’autres secteurs qui ont besoin de proposer des solutions de couverture à leurs clients.
Je pense en particulier au monde de la distribution et au monde du e-commerce qui auront vocation à proposer des services de couverture en même temps qu’ils vendent un produit. Notre vocation ce n’est pas d’être une marque grand-public. Nos produits deviennent les produits de nos partenaires, à leurs couleurs, mais que nous co-construisons avec eux. On met aussi à leur disposition notre savoir-faire et nos outils.
Si on prend l’exemple d’une banque qui utilise notre solution, elle peut créer des produits sur tout type de population de clients qu’elle a : des produits d’assurance adaptés pour les jeunes, pour les seniors, les parents… Notre solution leur permet de créer très rapidement autant de produits qu’elle souhaite pour répondre à un enjeu stratégique. Soit pour conquérir une cible de clientèle ou pour faire de la rétention sur cette cible, soit parce qu’elle veut avoir une approche produit.
Par exemple, aujourd’hui il y a des trottinettes électriques partout et personne ne propose de produit de couverture pour ces produits. Avec notre solution, on leur permet d’apporter une réponse très rapidement à un besoin qui est exprimé sur le marché.
Donc pour l’instant pas de B2C ?
Nous avons fait du B2C dans le passé mais on s’est heurtés à deux problèmes : des coûts d’acquisition trop élevés et une problématique de pédagogie. Nous avons appliqué les mécanismes du crowdfunding à l’assurance. Concrètement, cela veut dire qu’une personne physique, comme un particulier, devient capable de créer un produit de couverture, un produit d’assurance et le distribuer, puisque le produit fonctionne de façon collaborative. Ce n’est pas évident à comprendre, c’est pour cela que je parle d’une problématique de pédagogie. L’orientation vers le B2B2C nous a permis d’accélérer et de s’adresser à des populations plus larges.
Et face aux enjeux de financement, comment cela s’est passé ?
Jusqu’à présent on a tout autofinancé. On a eu un accompagnement via une subvention de la BPI et on a une bourse CIFFRE pour notre partie R&D expérimentale avec le CNRS.
On a aussi gagné un prix d’innovation attribué par une banque, qui nous a permis de disposer de fonds supplémentaires.
Actuellement nous sommes à l’étape de recherche de fonds.
Plutôt fonds d’investissement ou business angels ?
Nous avons fait un peu le tour de tout. Nous avons compris rapidement que nous n’étions pas trop dans le scope des fonds d’investissement, puisque ce que l’on fait est très nouveau. Concernant les business angels, le problème auquel on se confronte, et qui est un peu transverse pour les investisseurs en général, c’est que l’assurance est un métier réglementé qui est compliqué à comprendre. Comme nous sommes précurseurs de nouvelles façons de faire et que nous ne rentrons pas forcément dans des cases réglementaires qui ne sont pas encore adaptées aux nouveaux usages, c’est difficile de donner une lecture précise à des investisseurs qui sont un petit peu frileux sur des sujets assurantiels.
Nous avons donc constaté un double blocage : les fonds en ce qui concerne la maturité et les business angels pour une raison de technicité, d’expertise.
Aujourd’hui, nous visons donc plutôt des fonds régionaux, family offices et des industriels acteurs ou intéressés de la finance.
Quelles ont été les grandes étapes de Yakman depuis sa création ?
Nous avons eu une 1ère phase assez longue de travail juridique et réglementaire pour construire cette nouvelle manière de gérer des risques, la faire entrer dans une réglementation, etc. Donc un gros travail de recherche juridique, d’architecture juridique et réglementaire.
Cela nous a pris environ un an opérationnel, sachant que l’idée avait germé avant et qu’il y a eu du temps aussi sur la construction de la plateforme pour à la fois créer ses produits et les distribuer.
Merci encore à Bertrand d’avoir répondu à nos questions ! Alors, si vous aussi vous posez la question sur comment financer l’amorçage ou si vous souhaitez en savoir plus sur les enjeux de financement de l’économie collaborative, nous vous encourageons à découvrir les autres interviews de start-up publiées sur ce blog. Vous pouvez aussi télécharger le livre blanc sur le financement de l’amorçage et des entreprises innovantes, que nous avons récemment publié avec la plateforme de notation Estimeo.