Quelles sont les tendances de l’investissement en crowdfunding en 2024 ?

La petite histoire du crowdfunding : démocratisation et diversification en parallèle des avancées technologiques sur internet

Avec l’arrivée d’internet, le crowdfunding permet à des particuliers d’investir… sur des albums de musique !

Le crowdfunding a vu le jour dans les années 2000 avec des plateformes comme Kickstarter et Indiegogo. Indiegogo a été lancé en janvier 2008. Kickstarter a suivi en avril 2009. Ces plateformes ont ouvert la voie à un financement direct par le public.
A l’époque, c’est une révolution !

Les créateurs de projets artistiques, technologiques et entrepreneuriaux ont pu solliciter des fonds sans passer par les grandes institutions financières.
C’est là qu’est la double révolution : non seulement des particuliers peuvent décider qui “mérite” d’être financé, mais les chefs d’entreprises et porteurs de projets accèdent à un nouvel outil de financement.

L’une des premières version du site d’Indiegogo

Ce qui en étonnera plus d’un, c’est que les premiers projets financés étaient souvent culturels et technologiques. Par exemple, le film « Iron Sky » a levé des fonds sur Indiegogo en 2008. Le jeu vidéo « Double Fine Adventure » a collecté plus de 3 millions de dollars sur Kickstarter en 2012. Le projet musical « Amanda Palmer & The Grand Theft Orchestra – Theatre Is Evil » a levé plus de 1,2 million de dollars sur Kickstarter la même année.

Ces plateformes ont aussi financé des innovations technologiques. Le bracelet connecté Pebble a levé plus de 10 millions de dollars sur Kickstarter en 2012. 

C’est un succès, puisque plus de 78 000 personnes s’étaient à l’époque positionnées.

Dans les années 2010 à 2020, le crowdfunding s’intègre dans tous les types d’investissements

On l’a vu avec précédemment : le crowdfunding plaît aux gens. Les levées, déjà, avoisinent des montants de plusieurs millions d’euros, qui sont à toujours, en 2024, considérées comme des belles levées de fonds.
C’est évident : il y a un besoin marché. C’est pour cela que la décennie suivante a vu une diversification des types de projets et des modèles de financement : les plateformes de crowdfunding se sont multipliées.

Chacune s’est spécialisée dans des secteurs spécifiques comme l’immobilier, l’environnement ou la technologie. Le financement participatif s’est étendu aux prêts (crowdlending) et à l’investissement en capital (equity crowdfunding).

Le crowdlending permet aux particuliers de prêter de l’argent à des entreprises. En retour, ils reçoivent des intérêts sur leur prêt. C’est un moyen direct et simple d’investir. Par exemple, des PME locales peuvent obtenir des prêts pour financer leur croissance.

L’equity crowdfunding, quant à lui, permet aux investisseurs d’acquérir des parts de l’entreprise. Ils bénéficient ainsi de la croissance de la société et des dividendes. C’est une façon de devenir actionnaire sans passer par la bourse. Des startups prometteuses peuvent ainsi lever des fonds importants tout en partageant leur succès avec les investisseurs.

Cette période a également vu l’émergence des campagnes de crowdfunding à but non lucratif. Les organisations caritatives et les projets communautaires ont pu lever des fonds sans offrir de contreparties matérielles. Par exemple, des campagnes pour financer des écoles.
Par exemple, « Pencils of Promise » a levé plus de 4 millions de dollars, avec le soutien de milliers de donateurs, pour construire des écoles dans des pays en développement. 

Au delà des secteurs d’activité, il y a aussi une véritable démocratisation du crowdfunding par le prisme de l’outil de financement : 

• Le crowdlending offre des rendements réguliers.
• L’equity crowdfunding propose une participation au capital. Les campagnes non lucratives apportent du soutien sans contrepartie. Ensemble, ils forment un écosystème diversifié et dynamique.

Et maintenant, quelle suite ?

Aujourd’hui, le crowdfunding est devenu un outil de financement largement accepté et accessible. En 2023, malgré un léger recul global, le crowdfunding a maintenu des niveaux élevés de collecte, avec plus de 2 milliards d’euros levés en France. Cette démocratisation s’accompagne d’une accessibilité accrue grâce aux technologies numériques, permettant à un plus large public d’investir dans des projets variés. Les secteurs de l’immobilier et des énergies renouvelables continuent de dominer, mais on observe une montée en puissance des projets à impact social et environnemental, soutenus par des plateformes comme WE DO GOOD.

Les secteurs de l’immobilier et des énergies renouvelables continuent de dominer. Par exemple, les projets d’énergies renouvelables ont connu une augmentation de 11,5 % en 2023​​. Cependant, on observe une montée en puissance des projets à impact social et environnemental : le cadre législatif est de plus en plus exigeant avec les acteurs économiques qu’ils soient privés et publics. 

Pour accompagner ces acteurs, de nombreuses entreprises se créent, impliquant qu’elles aient de vrais besoins de financement. Investir dans ce type d’entreprises, c’est contribuer à créer de l’impact. Sur la plateforme WE DO GOOD, par exemple, les entreprises cumulent parfois des impacts sociaux et environnementaux.

En 2023, le nombre de projets financés dans le secteur immobilier a diminué de 28 % en raison de la crise immobilière, mais l’intérêt pour les projets de rénovation urbaine et de recyclage immobilier reste fort​. 

Le crowdfunding sans contrepartie a également vu une croissance notable, avec des campagnes comme celles de « Pencils of Promise » et « charity: water », qui ont respectivement levé plus de 4 millions et 370 millions de dollars sur diverses plateformes depuis leur lancement​.

Maintenant, descendons sur ces tendances par secteur !

Les tendances, secteur par secteur, du crowdfunding en 2024

En immobilier, une baisse des investissements, mais un paradigme fort sur la circularité !

Le crowdfunding immobilier reste un pilier du financement participatif, malgré une contraction de 28 % en 2023 due à la crise immobilière. En 2022, le secteur immobilier avait collecté 800 millions d’euros, tandis qu’en 2023, ce montant est tombé à 576 millions d’euros. Ce secteur représente encore une majorité des fonds collectés, avec une forte prédominance des projets résidentiels. 

Les opérations de rénovation urbaine et de recyclage immobilier deviennent des tendances marquantes, attirant des investisseurs à la recherche de projets durables et à fort impact social.

Le campus Stellantis, à Poissy

Spécifiquement, 65 % des fonds collectés en 2023 ont été dirigés vers des projets résidentiels, tandis que 35 % ont été investis dans des projets commerciaux.

En termes de répartition géographique, 40 % des projets immobiliers financés en 2023 étaient situés en région Île-de-France, contre 30 % en 2022. Le taux de succès des campagnes de crowdfunding immobilier a également évolué, avec 75 % des projets atteignant leur objectif de financement en 2023, contre 80 % en 2022. Enfin, le nombre moyen d’investisseurs par projet immobilier est passé de 150 en 2022 à 130 en 2023, reflétant une légère diminution de l’engagement des investisseurs.

Le crowdfunding par don ou sans contrepartie en hausse, on aime les gens généreux !

Forte croissance de côté là, on aime les gens généreux ! En particulier dans les secteurs culturels et solidaires. En 2023, les volumes de dons ont explosé pour atteindre 160,5 millions d’euros, soutenant des initiatives artistiques, des projets de solidarité et des actions communautaires. Ce type de financement est devenu un réflexe pour les associations et les entrepreneurs sociaux, offrant une alternative puissante aux financements traditionnels. Par exemple, en 2022, les volumes de dons étaient de 150 millions d’euros, témoignant d’une croissance continue année après année.

Le nombre de projets financés reflète cette dynamique, avec 5 000 projets soutenus en 2023 contre 4 500 en 2022. Parmi les campagnes culturelles, une production théâtrale a levé 50 000 euros en 2023, rassemblant plus de 800 donateurs passionnés. Dans le domaine solidaire, une campagne pour fournir des repas aux sans-abri a collecté 100 000 euros grâce à l’engagement de 1 500 donateurs.

000 euros grâce à l’engagement de 1 500 donateurs.

Le taux de succès des campagnes est également en hausse, avec 70 % des projets atteignant leur objectif de financement en 2023, contre 65 % en 2022. 

Un exemple de campagne de don très reussie, en 2023, c’est certainement est la campagne de l’Earthshot Prize. Cette campagne a galvanisé plus de 10 000 donateurs pour lever 500 000 euros, finançant des projets environnementaux innovants et ambitieux. 

Parmi les projets primés : 

• GRST révolutionne le recyclage des batteries lithium-ion, 
• S4S Technologies combat le gaspillage alimentaire en Inde
• Boomitra optimise le stockage du carbone dans les sols grâce à l’intelligence artificielle. 
• WildAid protège 1,64 million de km² d’océan, tandis qu’Acción Andina restaure les forêts andines avec près de 10 millions d’arbres plantés. Le succès de cette campagne démontre l’impact monumental du crowdfunding pour soutenir des causes vitales à l’échelle mondiale.

Alors, bien sûr, cette campagne a fortement bénéficié du soutien du Prince William. Il soutient, il danse… il ne manque pas de talent !

Le crowdfunding en contrepartie, en nette progression

Les levées avec contrepartie continuent de séduire. Ce modèle, parfait pour les startups et les entreprises en innovation, permet aux porteurs de projet de fédérer une première communauté ultra engagée avant de procéder au lancement commercial.

En 2023, les projets avec contrepartie ont explosé. Ils ont levé 300 millions d’euros, contre 250 millions en 2022. Le nombre de projets financés a bondi de 2 500 à 3 000. Les produits physiques, comme les gadgets technologiques, ont dominé, représentant 60 % des fonds collectés. 
Mais qu’entend-on par contrepartie ? 

Il peut s’agir de l’achat d’un produit physique en amont, qui permettra de financer sa production. Ce type de contrepartie peut aussi inclure un accès à d’autres produits ou services uniques ou en édition limitée.
Certaines récompenses “symboliques” comme des remerciements publics, une apparition sur un site web ou dans la presse peuvent être valorisées.
Et enfin, un potentiel retour sur investissement financier. Très prisées, ces levées s’intègrent généralement dans une stratégie d’investissement global. Elles constituent, pour les investisseurs, un placement au couple risque/rendement parmi les plus élevées. 

Contrairement à une croyance populaire, elles sont tout à fait adaptées pour investir dans l’impact et contribuer à la transition écologique et sociale. La plupart des levées de fonds sur WE DO GOOD allient un impact écologique mesurable et un potentiel de rendement, qui peut parfois aller jusqu’à 300% du montant investi.
Le financement d’entreprises à impact environnemental connaît également un essor fulgurant. En 2023, plus de 100 millions d’euros ont été levés pour des projets verts, en hausse par rapport aux 80 millions d’euros de 2022 et aux 60 millions d’euros de 2021. 
Le taux de succès des campagnes est impressionnant : 75 % des levées ont atteint leur objectif en 2023, contre 70 % en 2022. Le nombre moyen de contributeurs par projet est passé de 200 à 220. Le montant moyen des contributions a augmenté, passant de 50 à 55 euros.

Alors qu’en déduire ? Simplement que l’ensemble des secteurs et types d’investissement en crowdfunding se voit transformé par les enjeux de la transition écologique et sociale. On vous en dit plus dès maintenant !

Le crowdfunding : un outil puissant pour créer du lien entre les citoyens et le monde réel

Un peu de contexte : pourquoi parle-t-on de déconnexion entre l’économie réelle et la finance durable ?

La finance est un outil formidable pour permettre de faire naître des projets, rendre possible des innovations lorsque vous ou votre entreprise n’avez pas, à un moment donné, suffisamment de capacité pour mener à bien ses projets. Acheter votre maison, mettre au point de grandes avancées médicales, ne serait pas possible si il n’y avait pas des financeurs.
Le problème, c’est que les instruments financiers se sont additionnés les uns aux autres, créant des maillages opaques. 
C’est pour ça qu’on dit qu’il y a une vraie déconnexion entre l’économie réelle et la finance. En effet, les marchés financiers ne reflètent pas toujours la réalité économique des entreprises et des citoyens. 
Par exemple, en 2020, malgré une crise économique mondiale due à la pandémie de COVID-19, entraînant un arrêt presque total de la plupart des économies mondiales, les indices boursiers comme le S&P 500 ont atteint des sommets historiques. Cela contrastait fortement avec les fermetures d’entreprises, le chômage élevé et les difficultés économiques que beaucoup de gens vivaient. 
Un autre exemple est la croissance des entreprises technologiques : en 2021, les cinq plus grandes entreprises tech représentaient 23 % de la valeur totale du S&P 500, malgré des critiques sur leur impact social et environnemental. 

Les fonds spéculatifs, qui peuvent générer des rendements élevés sans lien direct avec l’économie réelle, illustrent également cette déconnexion. 
Par exemple, certains hedge funds réalisent des profits énormes grâce à des stratégies complexes, tandis que l’économie locale souffre. Cette déconnexion peut amplifier les inégalités et accentuer la volatilité économique.
Et ne pas prendre en compte les enjeux environnementaux et sociaux est un risque majeur, puisque les conséquences du changement climatique ont des effets désastreux sur l’économie.

Des besoins de financement à impact en hausse, alors que les efforts reculent du côté des financeurs publics et professionnels. Les citoyens doivent-ils montrer la voie ?

Le 6ème rapport du GIEC rappelle également l’urgence d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux impacts climatiques déjà visibles. Le GIEC souligne que pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales de CO2 doivent diminuer de 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010.

Pour atteindre les objectifs climatiques, les financements additionnels nécessaires en Europe sont estimés à 400 milliards d’euros par an, représentant seulement 2 à 3 % du PIB européen, comparé aux subventions annuelles de 250 à 350 milliards d’euros accordées aux énergies fossiles. Cette réorientation vers des projets verts est cruciale pour répondre aux défis climatiques et pour aligner les investissements financiers avec les besoins réels de la société.

A l’échelle de la France, le rapport Pisani Mahfouz a estimé qu’il fallait 70 milliards d’euros par an en France pour atteindre la neutralité climatique en 2023.
Pourtant, les coupes budgétaires dans des programmes comme MaPrimeRénov’ montrent une baisse des ambitions​​. 
Alors, comme souvent, c’est certainement le citoyen qui doit montrer l’exemple et qui peut bénéficier d’une vraie opportunité. 
Le crowdfunding des énergies renouvelables a progressé de 11,5 % en 2023, représentant 17,6 % de la collecte globale. En 2022, le montant levé pour ces projets était de 15,8 % de la collecte totale, montrant une tendance à la hausse.

Les entreprises à impact ont le plus d’avenir, que ce soit en immobilier ou en entreprise

Les entreprises à impact ont un avenir économique brillant pour plusieurs raisons. Elles bénéficient de régulations environnementales et sociales de plus en plus favorables, comme la directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD), qui impose des obligations de transparence accrues. Cela favorise les entreprises qui intègrent déjà ces pratiques, leur permettant d’éviter des risques légaux futurs.

Leurs modèles d’affaires sont souvent tournés vers la préservation des ressources, l’économie circulaire et l’efficacité énergétique. Par exemple, Vesto reconditionne des équipements de cuisine, réduisant ainsi la consommation de nouvelles ressources et limitant les déchets. Ce modèle diminue les coûts opérationnels et répond à une demande croissante de solutions durables.

L’intérêt des investisseurs pour les entreprises à impact est également en forte croissance. En 2023, le financement des entreprises à impact environnemental a atteint plus de 100 millions d’euros, en hausse par rapport aux 80 millions d’euros de 2022 et aux 60 millions d’euros de 2021. Cela montre que les investisseurs reconnaissent le potentiel de rentabilité et la résilience des entreprises durables.