Des royalties à la prévente : Sunshine Chocolats
« Nous écrivons une belle histoire : celle d’une technologie écologique, innovante et spectaculaire que nous créons puis répandons sur la planète. »
Ce sont les mots de François Liron, fondateur du projet Sunshine Chocolats. Grâce à une solution de torréfaction solaire du chocolat, il souhaite promouvoir une production de cacao décarbonée. Elle permet aux cacaoculteurs de vivre décemment de leur revenus.
Sunshine Chocolats a suscité l’attention et l’admiration en réussissant une campagne de financement participatif en royalties sur WE DO GOOD. Suivie d’une campagne de prévente sur Ulule. En échangeant avec François, nous avons exploré les défis et les réussites de cette aventure entrepreneuriale unique. Nous avons découvert comment Sunshine Chocolats combine ingénieusement technologie solaire et délices chocolatés pour un impact positif.
Côté financements et équipe, comment avez-vous structuré votre amorçage ?
J’ai initialement cherché à lever 1,5 million d’euros. Et mon expérience passée m’a montré que l’amorçage était plus complexe que prévu.
Un an après la création de la société, en mai 2021, nous avons eu la chance de vous trouver. Vous acceptez les projets d’amorçage. Un moment où on est le plus fragile et où on a le plus besoin d’aide. 90% des entités financières de tout bord (les banques, les fonds, les investissements privés) refusent l’amorçage selon mon expérience.
J’ai aussi réuni une équipe solide autour de moi. Nous avons un chimiste du cacao, un automaticien, un acheteur de cacao et une chargée de communication. On formait le commando minimal pour lancer l’aventure.
Nous avons réussi à lever 250K€ sur WE DO GOOD contre des royalties. C’est à dire contre un pourcentage de notre chiffre d’affaires futur. Et à peu près en parallèle 218K€ auprès d’investisseurs en equity, c’est-à-dire au capital de l’entreprise.
Mais j’ai quand même eu du mal à séduire les banques par la suite. C’était très chronophage et très sollicitant d’un point de vue personnel.
Nous avons finalement réussi à réunir 4 banques. Cela nous a permis d’installer notre atelier, de lancer la commercialisation. Après la commercialisation et d’autres recherches de fonds, nous avons pu démarrer l’exportation. Ainsi que la mise en situation le premier torréfacteur solaire.
Nous sommes maintenant à huit mois de production et de commercialisation.
De nombreux obstacles ont été surmontés, notamment la crise inflationniste dans le secteur alimentaire en 2023. Le contexte actuel présente toujours de nouveaux défis tels que la pénurie de cacao, mais nous enregistrons une progression constante.
Avec une petite équipe de huit personnes, nous approchons de l’équilibre financier et continuons à développer notre activité. Nous vendons actuellement quatre tonnes de chocolat par mois. C’est un démarrage très sportif. On pense que la société a plus de chance de tenir que l’inverse, on est content de vivre ça.
Vous avez levé 200 000 € en royalties sur WE DO GOOD, quelle a été votre stratégie ?
La stratégie était très préparée, axée sur la construction d’une marque solide et soutenue par des investissements importants. Notre succès reposait également sur le soutien et la confiance de nos proches. Nous avons bénéficié d’un bouche-à-oreille important dans nos cercles de relations 1 et 2 qui a très bien fonctionné. Les amis de mes parents et beaux-parents on investi l’équivalent de 80K€. Ce sont des gens que je ne connais pas, mais qui trouvaient l’idée interpellante, le projet solide.
Environ 90% des investisseurs avaient des économies disponibles. Ils étaient attirés par une belle histoire avec un potentiel de rendement prometteur. Les investisseurs étaient confiants sur la rentabilité de notre société et sur la pugnacité de l’équipe qu’il y a derrière.
Ils étaient régulièrement informés sur l’avancée du projet et nous avons eu le temps nécessaire pour bien la mener. Environ 3 mois. Nous étions assez confiants sur les contenus de communication qui avaient été bien préparés en amont.
Nous avons aussi profité d’une période économiquement stable et propice à l’entrepreneuriat. Pas de crise énergétique, pas d’inflation, pas de soubresaut énorme sur le cours du cacao. On a eu de la chance de ce point de vue.
Le modèle de royalties que nous avons proposé était très intéressant une fois bien compris. C’est un super moyen d’investissement, c’est étonnant qu’il ne soit pas plus connu. Le contrat sur 5 ans me parait court. On a choisi de mettre en place une clause. “Même si ça prend 10 ans, si on tient le coup l’investisseur récupérera à minima x2 sur sa mise”. C’est une clause qui me semble bien et qui m’aurait séduit en tant qu’investisseur potentiel.
En fin de compte, notre préparation, notre engagement et celui de nos proches ont été déterminants. C’est ce qui a assuré le succès de la levée de fonds.. Même si c’est aussi un coup de poker.
Quels ont été les défis rencontrés lors de cette levée de fonds en royalties et comment les avez-vous surmontés ?
Il ne faut pas sous-estimer le temps qu’il faut pour afficher une présentation vraiment professionnelle et convaincante. Ça prend beaucoup de temps et d’énergie.
Moi j’ai adoré travaillé avec l’équipe de WE DO GOOD. Votre outil et ce que vous avez créé et le fonctionnement des royalties, j’ai trouvé ça très bien.
Techniquement, flécher les petites sommes a été très chronophage. C’était un vrai job d’aller chercher des tickets de 200 à 500 € qui étaient très nombreux.
Il n’y a pas de miracle, on se tourne vers du crowdfunding, vers les gens, ça prend du temps. Mais ça a fonctionné. Il y a eu des investisseurs professionnels et semi-pro qui ont participé. Ils sont très demandeurs de chiffres et de réassurance.
Il y avait également le souci de garder une équipe soudée et qui s’entend bien. Car psychologiquement c’est pas simple et très prenant.
Votre campagne de prévente sur Ulule a-t-elle été complémentaire à la levée en royalties sur WE DO GOOD ?
C’était une bonne occasion pour communiquer et avoir des premiers clients juste avant les fêtes de fin d’année. La campagne a eu lieu en décembre 2022. Nous avons pré-vendu nos tablettes de chocolat pour un total de 6000 euros.
Sur des plateformes avec contreparties comme Ulule, le secteur alimentaire n’est pas celui qui compte le plus de success stories. Selon mon expérience.
Sur une plateforme de financement participatif, il est essentiel de présenter une proposition de valeur attrayante. Il nous a semblé qu’une tablette de chocolat n’était pas la contrepartie qui suscite le plus d’intérêt. Cela nous a empêché de pré-vendre davantage.
Il est crucial de présenter un bénéfice potentiel et significatif. C’est avec cette approche que nous avons réussi à lever des fonds sur WE DO GOOD contre une contrepartie financière : les royalties.
Comment comptez-vous coupler l’impact positif de votre technologie solaire et la traction commerciale de votre marque ?
En effet, on est un peu un monstre à deux têtes. On développe à la fois une technologie et une marque comme emblème et comme vecteur premier de communication.
À ce stade, on est encore trop petits et fragiles pour avancer sur le développement de la technologie. On s’est battu pour séduire les banques et pour faire une levée de fonds. Pour commencer, on a installé notre atelier et branché nos machines de chocolat. On a lancé aussi la commercialisation, les packs et le recrutement. Cette année-là, la technologie solaire n’était donc pas la priorité et n’a pas avancé.
Depuis le lancement de l’idée jusqu’à l’opérationnalité des machines, les coûts en ressources humaines et prototypes montent rapidement. Pour rivaliser avec les technologies à base d’hydrocarbures, ces dépenses atteignent facilement un million d’euros. Le développement de la technique et sa maturation sont conditionnés par notre capacité à vendre plein de tablettes de chocolat.
Pour les investisseurs, les banques ou les fonds à impact, le critère principal d’évaluation est le potentiel économique. Le chiffre d’affaires, la taille, la phase de développement de l’entreprise (série A, amorçage, etc.). Ainsi, notre capacité à vendre des tablettes de chocolat devient cruciale. Il faut démontrer notre viabilité économique pour accéder à des financements.
C’est sans doute aussi une technologie dont le développement sera aidé par des ONG et des fondations. Aussi par des entités étatiques françaises comme l’ADEME.
Il se passe quelque chose, nos chiffres sont plutôt positifs, les machines tournent. On recommence à séduire. On vient aussi de gagner un appel à projet de la Région Bretagne pour s’installer à Madagascar.
Et pour le mot de la fin, que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
De continuer à gentiment grandir, refaire de jolies campagnes de crowdfunding et continuer à vivre une aventure humaine sympa. C’est quand même le socle de toute chose.
Si l’aventure est humainement trop dure, ça ne sert un peu à rien.
C’est le début d’une aventure, on rame, on en bave mais ça se développe !
Malgré la fatigue et les tensions, il y a une bonne ammbiance et on s’entend bien. Et si ça peut continuer ce serait mieux !
Nous remercions François pour son témoignage authentique et riche en apprentissages.
Pour en savoir plus sur Sunshine Chocolats, rendez-vous sur le site www.sunshinechocolats.fr/ !
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